jeudi 19 mai 2011

Nouvelles mesures de sécurité routière : épargner des vies, mais à quel prix ?

Il serait peut-être bon d’accepter un certain niveau de danger dans notre société. Tenter vainement et hypocritement de le réduire à néant ne peut déboucher que sur des atteintes intolérables à nos libertés individuelles.

L’accidentologie routière a considérablement baissé depuis 50 ans, et nous comptons actuellement environ 4000 morts par an en France. Si ce sont autant de situations individuellement dramatiques, il s'agit là d'un coût social aussi rationnellement acceptable qu'objectivement inéluctable : se déplacer a toujours été dangereux et le restera toujours ! Par ailleurs, conformément à une tendance de fond, cette accidentologie va sans aucun doute continuer à baisser sur le long terme, ne serait-ce qu’en appliquant le Code de la route tel qu’il est actuellement formulé, et dont la teneur n’est pas à remettre en cause.

Répression surdimensionnée
Depuis le début de l’année 2011, les chiffres sont un peu moins bons, mais cela peut s’expliquer ne serait-ce que par des considérations météorologiques, puisque le climat rigoureux de l’année dernière n’a pas favorisé les déplacements. On enregistre en tout et pour tout une hausse du nombre de morts d’environ 10% sur le premier trimestre, correspondant à 85 morts de plus. Sur une année pleine, l’évolution 2009/2010 était inverse, avec une baisse de 10% du nombre de morts.
Et pourtant, sur ces considérations purement conjoncturelles, le gouvernement a décidé de renforcer considérablement un arsenal répressif déjà largement dimensionné.

Le but annoncé serait de faire passer le nombre de morts sous les 3000 victimes, un chiffre qui nous semble inateignable sans restreindre de façon inacceptable la circulation routière dans notre pays.
Plus raisonnablement, on voudrait épargner environ 500 victimes. Très bien ! Mais à quel prix ?
Mettons à ce stade l’accidentologie routière en perspective avec d’autres causes de mortalité en France. Tabac : 60 000 morts par an ; alcool : 40 000 morts ; suicide : 10 000 morts par an ; accidents domestiques : 20 000 morts...
Donc, pour épargner 500 morts (ou en réalité plutôt pour réagir à une hausse ponctuelle de 10%), le gouvernement décide d’accentuer un arsenal répressif qui était déjà bien assez développé comme cela.

Mais avons-nous besoin d’un pays sclérosé dont la population angoisse dès qu’elle se déplace, avec le risque omniprésent de perdre son permis de conduire, et par voie de conséquence pour beaucoup, son emploi ? Pour plomber encore un peu le moral des Français en revanche, la recette est certainement efficace.

La loi de la conjoncture
Car il s’agit bien désormais de piéger tous ceux qui circulent, comme le prouve ce revirement total du gouvernement au sujet des radars fixes. Depuis 2003, on nous a toujours expliqué qu’ils n’étaient pas là pour piéger les conducteurs, mais uniquement pour forcer à ralentir à l’approche d’une zone dangereuse.
Dès lors qu’ils ne sont plus signalés, ces radars ne sont plus que des pièges tendus à ceux qui ont pris le risque fou de circuler dans une région qu’ils ne connaissent pas sans garder les yeux rivés en permanence sur leur compteur de vitesse !

On peut aussi se demander ce qu’il adviendra le mois prochain et les suivants si les chiffres sont encore mauvais par rapport à 2010… Que va alors décider le gouvernement ? Brider tous les moteurs à 130 km/h ? Interdire aux hommes de circuler puisqu’ils représentent les trois-quarts des morts ?

Cette manie populiste de légiférer sur la base de faits conjoncturels porte sérieusement atteinte à la crédibilité de nos dirigeants. Comment expliquer que l’incompétence tapageuse de certains partis politiques représente un danger pour notre pays, alors que le gouvernement en place procède exactement de la même manière ?

Liberté, responsabilité…
En ce qui concerne plus particulièrement l’accidentologie des deux-roues, il faudra tout de même réaliser un jour que les scooters et les motos ne seront jamais des moyens de transport aussi sûrs qu’une automobile moderne. En effet, il faut le faire pour se tuer avec une voiture bardée d’assistances en tout genre, de prétentionneurs, de zones de déformation programmées et d’airbags !

Alors que dans le même temps, les conducteurs de deux-roues restent à peu près aussi vulnérables qu’avant et au moins aussi nombreux sur les routes. Il n’est pas étonnant du tout dans ces conditions que les courbes d’évolution des morts et blessés dans les deux catégories divergent !

Chaque citoyen a pourtant le droit de choisir comment il souhaite circuler, en assumant les risques que chaque moyen de transport implique (avion, voiture, piéton, deux-roues, vélo…) C’est juste le respect de la liberté, cette liberté qui responsabilise, stimule…

L’Etat n’a plus de pouvoir ! Il gesticule comme il peut pour montrer qu’il existe, et la route a toujours été une bonne vitrine pour mettre en scène ses gesticulations. Mais les vrais enjeux de société lui échappent totalement ! Qu’il ne serve plus à rien, c’est dommage, mais qu’il devienne nuisible à la société, c’est encore plus fâcheux. (Source Scooter-infos.com)

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