Nouvelle entité venue sur le segment de la mobilité urbaine, la marque Quadro émane d’une équipe dirigeante déjà fort expérimentée en la matière. Et pour cause, ce ne sont ni plus ni moins que les créateurs du concept MP3 qui en sont à l’origine : le studio d’ingénierie italien Marabese. Après avoir développé le scooter à trois roues pour le groupe Piaggio, l’équipe a estimé que le concept pouvait aller encore plus loin par le biais d’une technologie alternative. Après plusieurs prototypes, l’entreprise a retenu le principe du train roulant hydropneumatique (voir encadré technique à la fin) et s’est finalement décidée à lancer sa propre marque. Quelques années plus tard, nous voilà donc devant le Quadro 3D 350. Comme le MP3 (série LT), ce scooter à trois roues embarque un bloc de grosse cylindrée (313 cm3) et reste accessible avec un simple permis auto (homologation tricycle). Le modèle définitif est attendu pour le mois de septembre 2011. La version de présérie que nous testons aujourd’hui ne s’en différencie que par de subtils détails de finition. Autant dire qu’elle donne une idée juste du potentiel de la fameuse technologie maison, désormais brevetée sous le nom de HTS (Hydraulic Tilting System).
Premier constat à la découverte du Quadro, l’engin joue effectivement dans la même cour que le MP3. Malgré sa ligne plus agressive, le gabarit et l’ergonomie sont finalement assez proches de ceux du Piaggio, un choix délibéré pour la jeune marque italienne qui souhaite rassurer sa future clientèle. En revanche, la finition est clairement moins luxueuse, contrecoup de la délocalisation d’une partie de sa production à Taiwan, dans les usines du constructeur Aeon (le Quadro partage d’ailleurs son moteur et quelques éléments de carrosserie avec l’Aeon Elite 350). Quoi qu’il en soit, l’équipement n’est pas en reste. Le 3D dispose de deux vide-poches fermés autour du guidon et d’une vaste soute à bagage accueillant deux casques intégraux. L’imposante face avant intègre un pare-brise court qui pourra néanmoins être remplacé par un modèle haut optionnel. Comme sur les MP3 LT, l’homologation tricycle impose la présence d’une pédale de couplage des freins avant et arrière sur le plancher en plus des leviers dissociés au guidon. Enfin, un frein de parking manuel permet de bloquer la direction à l’arrêt. Comme le MP3, le Quadro tient alors en équilibre sur ses trois roues sans utiliser la béquille centrale, cette dernière étant réservée aux stationnements à long terme. Une fois en selle, on adopte une position proche de celle du trois-roues existant, avec les jambes pliées à 90°. L’espace pour ces dernières semble toutefois un peu plus généreux tandis que les mains tombent naturellement sur le guidon. En revanche, la selle haute et large ne facilite pas la prise en main pour les plus petits. Cela dit, une selle basse sera proposée en option, diminuant au passage la contenance du coffre (un casque intégral).
Une technologie unique
Si le frein de parking permet au Quadro de stationner sans béquille, le nouveau trois-roues se passe en revanche de système Roll Lock. Pour mémoire, ce dispositif propre au MP3 permet de bloquer la direction par le biais d’une commande électronique au guidon (avec un bip caractéristique devenu courant à chaque feu rouge de notre chère capitale !). Le Piaggio tient alors en équilibre sur ses trois roues, le conducteur n’ayant pas à poser les pieds au sol pour soutenir le véhicule. Si le 3D fait abstraction de ce système, c’est tout simplement que la technologie HTS permet purement et simplement de s’en passer, en offrant au Quadro une retenue hydraulique latérale et donc une stabilité naturelle. Lorsqu’on s’arrête, le scooter se maintient donc en équilibre sur lui-même sans aucune intervention supplémentaire. La pression hydraulique étant limitée, le scooter peut tout de même basculer d’un côté ou de l’autre en cas de mouvement latéral. Quelques kilomètres sont donc nécessaires pour cerner le dispositif et trouver le point d’équilibre.
Le Quadro va plus loin que le MP3
Cette fameuse retenue hydraulique a également une grande influence sur le comportement dynamique du Quadro. On la ressent peu à basse vitesse où le 3D reste finalement proche du MP3 question maniabilité. Certes, sa largeur de voie et ses roues avant de 14 pouces le rendent un peu moins agile, mais on reste globalement en monde connu ! En revanche, une vraie différence est perceptible dès qu’on franchit la barre des 40 km/h. Lorsque le scooter s’incline, le train avant est ainsi légèrement retenu par la pression hydraulique et le 3D ne bascule pas subitement sur l’angle comme les deux (ou trois) roues existants. Ce phénomène procure un sentiment d’accompagnement en virage qui devrait mettre en confiance les conducteurs débutants. Le Quado 3D se présente en cela comme une vraie alternative au Piaggio MP3 dont le comportement se rapproche finalement davantage d’un deux-roues traditionnel. Revers de la médaille, ce phénomène déroute un peu les conducteurs plus expérimentés et renvoie, reconnaissons-le, une impression de lourdeur qui demande, lorsque le rythme augmente, une bonne anticipation des virages et des trajectoires fluides. Pour le reste, on retrouve sur ce Quadro les qualités qui ont fait la renommée du Piaggio MP3. Malgré un dispositif de freinage un peu moins mordant, le train avant à deux roues garantit la même stabilité lors des phases d’arrêt et gomme d’une manière quasiment identique les imperfections du bitume.
Un moteur décevant
Si la partie-cycle et la technologie HTS ont le mérite d’offrir au Quadro un comportement novateur, il n’en va pas vraiment de même pour la motorisation. Le Quadro 3D 350 opte ainsi pour un monocylindre 2 soupapes de 313cm3 alimenté par injection et conçu par le constructeur taiwanais Aeon. Dès la mise en route, on perçoit rapidement que l’agrément général n’est pas à la hauteur de ce que l’on connaît chez Piaggio. Les vibrations sont un peu moins bien filtrées et la sonorité plus stridente. Autant dire qu’on est loin de l’ambiance feutrée du MP3. Côté performances, le monocylindre développe ici une puissance de 23 chevaux pour une pointe de couple de 23,6 Nm à 6000 tr/min. Pour la première fois depuis le coup de génie du groupe Piaggio, Quadro met donc à la portée des titulaires du permis auto un autre véhicule de grosse cylindrée, doté de performances bien plus élevées que les habituels scooters 125. En pratique, il faut néanmoins reconnaître que le 3D 350 semble un peu moins vif que son concurrent. Malgré son poids officiel annoncé à 200 kg à sec (soit 11 kg de moins que le Piaggio Yourban 300 LT), le Quadro manque ainsi d’un soupçon de nervosité à bas et mi-régimes. Il s’élance de manière très progressive jusqu’à 60 km/h, puis monte enfin en régime avec davantage de vivacité. Une fois lancé, les reprises sont néanmoins très correctes et permettent de dépasser sans retenue sur route. Ce premier essai étant assez bref, nous n’avons malheureusement pas eu l’opportunité de tester avec fiabilité la vitesse de pointe. Seule certitude, le modèle italien dépasse allègrement les 110 km/h réels et devrait probablement aller au-delà de 120km/h.
Des racines et des ailes
À l’exception de sa motorisation légèrement en retrait, le Quadro 3D 350 nous a donc convaincus à l’usage. Il se présente d’abord comme le premier vrai concurrent du Piaggio MP3, relayant Peugeot et son (probable) trois-roues au troisième rang. Pour une première tentative, Quadro signe ici une bien belle démonstration qui témoigne de la longue expérience de ses créateurs dans le domaine du deux-roues. Seconde bonne surprise, le 3D 350 s’affirme comme un véhicule déjà très abouti. Si le concept du scooter à trois-roues n’a évidemment plus rien de révolutionnaire, la technologie HTS offre un petit supplément au Quadro qui en fait une vraie alternative à l’actuel MP3. Alors bien sûr, la marque devra encore faire ses preuves, d’abord en termes de fiabilité, mais aussi sur le terrain à travers un réseau suffisamment diversifié et qualifié (60 à 80 points de vente prévus au lancement), et surtout avec un service après-vente à la hauteur. À ce sujet, l’expérience de l’importateur français (RMF) devrait sans aucun doute faciliter les choses. Seul regret, le prix de vente aurait sans doute mérité un effort supplémentaire pour plus d’impact.
Le Quadro 3D se caractérise par son train avant à deux roues qui inaugure la technologie HTS. Le principe en est assez simple. Chaque roue est reliée au cadre par le biais d’un triangle et de plusieurs biellettes. La cinématique d’inclinaison est quant à elle assurée par un circuit hydraulique fermé (huile + air) composé de trois vérins : un pour chaque roue implanté en diagonale et le troisième en position centrale. Les trois combinés sont reliés entre eux par des durits en acier tressé pour permettre la libre circulation de l’huile d’un vérin à un autre, tandis que des clapets assure à la fois la retenue hydraulique lors de l’inclinaison du véhicule et l’amortissement sur mauvais revêtement.
Côté entretien, il convient simplement de vérifier la pression d’air et le niveau d’huile à chaque révision (espacement de 5000 km prévu pour le moment). Selon le constructeur, le dispositif nécessite moins de composants dans sa conception. Il contribue également à réduire le poids et à abaisser le centre de gravité, tout en se montrant moins coûteux à produire. Sauf à changer la viscosité de l’huile, le dispositif actuel n’est pas réglable. C’est cette technologie que l’on devrait retrouver à l’avant et à l’arrière sur le Quadro 4D, et qui sera également reprise sur les futurs modèles de la marque. SUV, moto, ou tout-terrain, les possibilités sont très larges selon les dirigeants (Source Scooter-infos.com & Scooter-Station.com)
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